le petit grand nain as le petit grand nain
Je me redressai avec peine, les genoux endoloris de ma chute de… De quoi, au juste ? J’ignorais ce qui s’était passé, où étais-je et qui m’avait freiné dans ma chute avant de me faire traverser un mur. La pièce dans laquelle j’étais ressemblait à une grande patinoire, mais elle était en verre, à ce que je pouvais en juger. Je pris une des armes que m’avait donné le fantôme de Robin des Bois, un fantôme qui semblait assez vivant quand je l’avais rencontré. Il s’agissait d’une grande épée sculptée, dont il m’avait affirmé qu’elle avait appartenu au Roi Arthur, lequel était mort une seconde fois en affrontant Sauron le maléfique et son armée dans la pièce aux soldats. Elle était censée être dotée de puissants pouvoirs magiques qui lui avaient été conférés par Merlin L’enchanteur. Elle était censée… Mais elle pouvait aussi bien ne pas l’être.
Tout à coup, j’entendis une voix forte au loin, qui criait :
-Petit Grand Nain ! Enfin !
J’aperçus en effet une silhouette qui courait vers moi, et elle semblait si… Petite… On aurait cru rêver.
D’ailleurs, c’est exactement ce qui se passait.
Quand la silhouette fut assez près pour que je distingue son visage, il était flou. Je m’exclamai d’une voix éloquente sur mon état d’esprit :
-Hein ?
Le personnage disparut soudain. Au même moment, une gigantesque ombre se matérialisa derrière moi. Je levai mon épée, mais elle avait déjà disparu. Mon arme toujours à la main, je cessai de faire attention aux illusions toujours plus nombreuses qui apparaissaient autour de moi et je me mis à courir vers la sortie, mais je n’en voyais pas… Les mirages représentaient maintenant une créature dotée d’une admirable barbe, en qui je reconnus ma femme, une femme avec un chapeau, sans doute une exploratrice, ainsi qu’un clown étrange, une minuscule personne habillée en rose, des horloges, une personne parlant à un escalier, une foule d’autres choses toutes plus étranges que les autres et, à mon grand effroi, je vis Robin des Bois. Je compris tout à la fois que les personnes que j’avais vu étaient des aventuriers, que toutes ces illusions étaient des pièces du château et que quelqu’un semblait m’attendre, quelque part dans le château. C’est là que je commençai à me demander pourquoi, au juste, étais-je venu dans ce château… Il était vrai que je n’avais aucun souvenir de ce qui m’avait poussé à entreprendre un tel voyage… Je croyais me souvenir qu’un matin, je m’étais tout simplement levé avec une envie folle de visiter le Château, et en sachant parfaitement où le trouver.
« Il y a une puissante magie à l’œuvre ici », réalisai-je. Je courais de plus en plus vite, et soudain j’aperçus une porte au loin, et je sus au plus profond de mon être que ce n’était pas une illusion. Je m’en approchais de plus en plus, l’épée dressée devant moi, prêt à réagir face à n’importe quoi qui pouvait m’arriver.
N’importe quoi, sauf ce qui m’arriva finalement. A une dizaine de mètres de la porte, un vieil homme apparut. Ne sachant pas si c’était une illusion ou non, j’hésitai une demi-seconde, juste le temps pour le vieil homme de lever son bâton. Premièrement, il me souleva dans les airs. Deuxièmement, il me tordit les bras, toujours sans m’approcher, me faisant hurler de douleur. Ensuite, il m’enveloppa d’une grande langue de feu, avant de m’enfermer dans une prison de glace.
-Cette prison est magique, tu ne pourra pas en sortir, ricana-t-il.
-Qui… Qu’êtes-vous ? Qu’es-ce que vous me voulez ?
-Hmmmm… Je te dois peut-être des explications. Vois-tu, le Château est plus qu’une immense bâtisse magique, plus qu’un immense dédales, plus qu’un château de cent milles pièces. Tu l’as peut-être deviné, et dans ce cas je ne peux que te féliciter, mais ce château est VIVANT. Et il n’est pas invulnérable. Pour se protéger, il y a plusieurs siècles, il a décidé de s’entourer d’une garde rapprochée, composée uniquement de soldats très puissants, dangereux, et en général maléfique. Tu as affronté l’un d’eux dans la précédente pièce, et le Château est furieux que tu l’ais tué. Donc je dois à mon tour te tuer, c’est pourquoi je t’ai fait passer dans cette pièce, grâce à mes pouvoirs.
-Mais dites-moi, n’y a-t-il pas quelqu’un retenu prisonnier, quelque part dans le Château ?
Je vis instantanément son visage se troubler, puis il se ressaisit.
-Bah, à quoi bon ? Il y a bien quelqu’un d’enfermé en ce lieu, mais tu vas mourir, de toute façon !
C’est le moment que je choisis pour abattre mon épée sur les barreaux de la prison, qui se fracassèrent. Le sorcier me dévisagea, interloqué :
-Cette épée… Excalibur ?
Je ne lui laissai pas le temps de me lancer un sortilège et lui assenai un grand coup d’épée. Il leva son bâton, par réflexe, et para le coup que je lui avait porté comme s’il s’agissait d’une pichenette. Puis il prononça un mot, et Excalibur vola de ma main et se mit à glisser sur le sol en verre, s’éloignant chaque fois un peu plus de moi. Le magicien éclata d’un grand rire.
Ha ! tu croyais pouvoir me vaincre de cette façon ! Mais je ne…
TATATATATATATATATATATATATA !!!!
Le mage fut projetée d’un coup contre la porte, qui s’ouvrit en grand, dévoilant un grand pont au-dessus d’un gouffre de lave.
« Charmant », pensai-je tandis que le mage chutait dans le magma, le corps criblé des balles du pistolet-mitrailleur que je tenais encore à la main. « Et encore merci, Robin. »