Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE EN FA MINEUR
LA PIÈCE EN FA MINEUR

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LA PIÈCE EN FA MINEUR

Leeko as Leeko, Craqueuse d’allumettes

Je dévalai en hâte l’escalier. La pièce des reflets m’avait redonné une joie de vivre. Je sautai d’un bond léger pour atterrir sur le sol marbré. Je hâtais le pas, avide de découvrir une nouvelle pièce et ses nouveaux secrets. Un léger vibrement me fit sursauter. Je tournais la tête et m’approchai d’une porte, curieuse. Un nouveau son parvint à mes oreilles.
Je le reconnut aussitôt.
Un fa mineur.
Il continua, comme si il attendait que je pousse la porte pour pouvoir changer de note.
J’actionnai la poignée.

Une symphonie m’envahit aussitôt. Les sons fusèrent de toutes part, tout en respectant cette gamme.
Fa mineur.
J’observai en silence la pièce dans laquelle je me trouvais. Un salle d’opéra. Des rangées de sièges rouge flamboyant s’étendaient dans la pièce. J’en fut émerveillée.
Je me retournais vers la scène. Un orchestre y était installé. Jouant en accord un fa.
Un fa mineur.
Je m’approchai, d’un pas sautillant, écoutant la note, jouée par tant d’instruments différents.
Le chef d’orchestre se retourna. Il me sourit. Ses yeux pétillèrent et il me murmura :
Connaissez vous les décrocheurs d’étoiles ?
Gênée, je répondit que non. Il continua :
Ils ont disparu depuis des siècles. Le monde les a oublié. La terre les a effacé. Tous. Tous, sauf moi. Moi et mes musiciens. Car dans ce château, le temps s’est arrêté. On y entre pour toujours. Pour l’éternité !
Il baissa les yeux au sol et ajouta :
La mélodie vous a plu ?
Oui ! Je m’empressai de répondre. Oui ! Ce fa mineur était d’une intensité… Sans pareil !
Vous aussi… Vous ne percevez que cet unique fa mineur. Pourtant nous jouons ! Une mélodie de Jean Sébastien Bach. Il l’a composé pour moi, et elle n’est jamais sortie des murs de ce château !
C’est… fantastique ! Mais, puis-je vous poser une question.
Oui, faites.
Je n’existe pas, pourtant, vous me voyez.
Les décrocheurs d’étoiles voient des choses qui n’existent pas. Si vous n’existez pas, alors, je vous invente.
Mais j’existe !
Oui. Dans ma tête.
Sur ce, il se retourna et reprit la direction de l’harmonie. Le fa mineur emplit mes oreilles avec intensité et je me précipitai pour échapper à cette torture. Je refermai la porte, les larmes aux yeux. Je m’effondrai sur le sol.

Un cri parvint à mes oreilles, de la porte à coté. Je l’ouvrit et découvrit une jeune fille, de mon age à peu près. Je ne sut pas quoi dire, sachant qu’elle ne me voyait pas. Son air affolé me permit de lui chuchoter :
Viens vite j’ai brisé le sort !
Elle me suivit sans hésiter et la porte se referma derrière elle. Elle plongea ses pupilles dans les miennes.
Elle me voyait.
Une… Décrocheuse d’étoiles.

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