Patalavanille as Patalavanille
Toujours en train de courrir pour échapper au cuisinier obèse je m’élançai au fond du couloir tapissé de mauve (horrible cette couleur ! il faut vraiment que les proprios changent de décorateur !) puis avec une élégance à en fait pleurer un hippopotame j’ouvris en fracas la première porte qui vint sous mes yeux (oui les portes viennent ! d’ailleurs elles courent et sautent parfois ! comment ça je suis folle ?!).
C’était une pièce immense et minuscule à la fois, c’est à dire que… les murs se déplaçaient. Ils se rapprochaient, s’éloignaient, devenaient invisibles, au contraire étaient trop voyants avec des couleurs et des formes trop extravagantes, bref, ils changeaient. Avançant d’un pas (puis deux, puis trois, puis quatre, puis… STOP ! C’est bien vous savez compter !), le parquet craqua sous mes chaussures de villes (j’avais bien dit à ma mère que c’était une excursion et pas une promenade en centre ! Elle ne m’écoute jamais au moment de faire les valises !), et les murs s’arrêtèrent de bouger.
Il apparut soudain deux problèmes: la porte disparut brusquement, et les murs s’étant arrêtés au moment où la pièce était la plus oppressante me collaient et je sentaient leurs froideur tout au long de ma peau. J’essayais de les pousser; en vain. Ils étaient trop durs pour les casser (du béton armé plus du marbres; tu métonnes !) et le sentiment que je n’allais pas m’en sortir me remontait jusqu’à la gorge. C’était horrible, si horrible que la première chose qui me vint à l’esprit fut de m’assoir et de pleurer. Ce que je n’aurais jamais du faire car au moment où ma première larme sortit et toucha le sol je sentis la pièce encore plus chaude et humide qu’elle ne l’était déjà. Une petite flaque d’eau se forma sous moi, puis s’agrandi, s’étandant sur toute la surface allant même sous les murs pour remplir le reste de la pièce qui était derrière. Des cris commençaient à s’entendre, des sons de pleurs, des bruits de fouets, un gout amer et piquant se débattait dans ma gorge, mais c’est moi qui aurait voulu me débattre. Sortir de cet espace confiné, méprisant, triste. Ma tête me tournait, je me voyais petite, moi qui pleurais, mon père, une séparation, un éclat, du feu, de la vapeur, une main, des larmes, la solitude. Je pleurais. Pleurais comme je ne l’avais jamais fait. Et je comprenais enfin cette pièce. C’était la pièce des larmes; oppressante, humide, des bruits affreux, un gout de tristesse qui recouvraient mes lèvres. J’aurais voulu crier mais comme des mains invisibles, mes larmes me bouchaient la bouche, empêchant un seul son de sortir. Je n’en pouvais plus, je me sentais défaillir . J’aurais voulu voir une étoile, une paillette briller. Mais non. A chacune de ces pensées une vague de souvenirs revenaient m’interdisant le bonheur. Pourtant c’était une nécessité. Une vie enfermé sans souvenir n’est plus une vie mais une prison. Cela me désola encore plus et griffant contre les murs, tapant, je sentis une latte du parquet qui était décrochée. Une issue ! La tirant de toute mes forces, elle lâcha et je découvris dessous une trappe. Je l’ouvris et avant d’y entrer je tourna la tête vers la pièce. Pleurs, larmes, tristese, oppression, adieu. Puis je sautais dans la sortie avec une lourdeur qui aurais émerveillée une biche.