Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE MUSIQUE
LA PIÈCE DE MUSIQUE

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LA PIÈCE DE MUSIQUE

PtiteLu as PtiteLu

Moi qui vous parle en ce moment, je n’ai pas toujours été moi. L’aventure que je m’apprête à vous conter a créé ce que je suis. Ce fût les pires et les meilleurs moment de ma vie. Les plus longs, les plus courts. Je m’en rappelle dans les moindres détails. Si je n’était jamais entrée dans ce château, ma vie aurait pris un chemin en tout point différent. Personne ne peut imaginer à quel point je souffre. Chaque jour, cette douleur me terrasse et me rend folle à lier. Désormais je suis piégée. Un simple pas, me piégea à jamais. Mais je ne regrette rien. Écoutez moi, tendez l’oreille. Je sais que ce que je vous dirai vous paraîtra fou, vous vous moquerez de moi. Vous avez raison. Je ne me croie pas moi-même. Vous rirez, sans doutes. Vous trouverez mon imagination délirante, frisant le ridicule. Mais sachez que tout ça est vrai. Chaque mot qui sortira de ma bouche relèvera d’un fait avéré. Certains d’entre vous aurons peur. Mais restez, et écoutez. Car je m’apprête à vous relater la plus incroyable, la plus épique, la plus invraisemblable, la plus terrible, la plus inconcevable, la plus fabuleuse, la plus inouïe, la plus unique des choses que vous aurez jamais entendue et que vous n’entendrez jamais. Et après ça, plus un mot ne semblera avoir de sens pour vous. Car vous aurez entendu le récit de ma quête. Vous ne comprendrez jamais ce que j’ai pu ressentir au vivre, mais l’histoire de ma vie commence ici.

A peine avais-je quitté le Cathédr’hall et poussé le battement d’un porte sur laquelle était tendu du velours mauve pâle, je me retrouvais dans une grande salle d’une étrangeté improbable. Je ne vous cache pas que je m’étais attendue à une pièce toute de pierres et de poussière. Une pièce ornée de grandes fenêtres ou de meurtrières. Un grand tapis antique, de vieux meubles branlants, mais receleurs de richesses et de secrets. De vieux livres ou grimoire couverts de cendre. Je m’étais attendue à une pièce de château. Mais sûrement pas à ça. En pénétrant ici, j’ai tout de suite deviné que ce n’était pas un fort ordinaire. Le sol était recouvert d’une épaisse moquette violette. Elle était si douce, que j’ôtais mes bottes et les rangeais dans mon sac à dos contenant quelques vivres et certaines choses pouvant m’être utiles. J’enfonçais mes orteils dans la moquette et poussais un soupir de contentement. Ensuite, prenant mon temps, j’admirais la pièce dans sa totalité. Les murs, épais, étaient recouverts d’un papier peint étrange où de petites lignes irrégulières couraient tout du long. Je n’y accordais qu’un regard, car la pièce, immense et cylindrique, se terminait par un dôme rose nacré. Plusieurs mezzanines se trouvaient le long des murs qui montaient en tournant. Sur chaque plate forme, une quantité d’objets brillants que je ne parvenais pas à voir de mon point de vue. Je me décidais alors à aller explorer la salle. Je commençais d’abord par prêter plus grande attention au murs. Je réalisais alors, en m’approchant, que ce que j’avais pris pour de petites lignes étaient des portées musicales. Elles s’enchaînaient à ne plus en finir, formant une quantité ahurissante de partitions. Moi qui n’avais jamais fait de solfège, je ne saurais vous dire de quelles notes et de quels accords il s’agissait. Seule un petit nom, parfois, marquait la fin d’une partition. Wolfgang Amadeus Mozart, Beethoven, Jean Sébastien Bach. J’avançais, mes doigts sur le mur, et découvris une quantité de noms de compositeurs, dont certains dont je n’avais jamais entendu parler : Bertrand La Mesure, Guy Tarre… Le plus étrange, c’est que les notes semblaient être écrites à la main. Chaque partitions avaient une « écriture » différente. Celle de Mozart était plus ronde, celle de Bach, plus petite. Les noms avaient en tout point l’air de signature, et certains morceaux étaient raturés comme si l’artiste avait changé d’avis. Je décidais de monter sur la première mezzanine.

Je commençais à courir quand mes pas me parurent relativement feutrés. A présent, je trouvais étrange que cette pièce soit si silencieuse. Mes mouvements dans l’espace auraient du faire légèrement vibrer l’air… Je ne me sentais pas à l’aise. Pour m’assurer que mon ouïe était intacte, je criai. Je criais, et le son produit était si puissant, qu’il semblait se répercuter en écho sur les murs. Encore après que je me sois tue, le cri persista, avant de décliner et de s’éteindre doucement. J’étais toute étourdie. Reprenant mes esprits, je repris ma course vers la mezzanine.

Lorsque j’arrivais dans l’escalier, je vis qu’il était peint de façon à représenter les touches d’un piano. Je fis le lien avec les partitions, l’acoustique de la salle. C’était une pièce de musique. Je grimpais les marches quatre à quatre et me retrouvais sur un petit balcon d’où je pouvais admirer plus amplement la « tour ». C’est vrai que cette salle ressemblaient à une tour, en montant comme une colonne. Je me retournais et observai la quantité d’instruments exposés là. Une trompette. Un saxophone, un trombone, un cor, une clarinette, un basson… Des vents. Ils étaient splendides. Tantôt en bois, tantôt en cuivre, ils étaient astiqués, vernis, brillaient sous tous les angles. Je ne savais jouer d’aucun d’entre eux, mais je pris une flûte et soufflais dedans. Immédiatement, la flûte pivota sur elle-même dans un mouvement brusque, me forçant à me tourner vers la tapisserie. Et là, ce fût comme une illumination. Je me mis à jouer parfaitement « Les Quatre Saisons » de Vivaldi. Je ne comprenais pas, et pourtant. Mon inconscient se chargeait de tout. Sans même comprendre la partition, il me suffisais de la regarder, et le tour était joué. Cela semblait tellement simple… Et puis, sur une note lente, la musique s’acheva. J’avais décidé de ne plus m’étonner de rien dorénavant. Jetant un dernier regard aux instruments étincelants, j’empruntais une passerelle qui me mena au second balcon.

Ici aussi toutes sortes d’instruments étaient exposés. Cette fois-ci, des instruments à cordes. Guitare, contrebasse, violon, alto, piano, luth… Ils formaient un joli cortège ! Je m’installais au piano, même si je ne savais même pas quelle touche était le Do. Mais mes mains se chargèrent du sort de ce piano, et bientôt, je jouais tranquillement « La Lettre À Élise ». Je m’amusais beaucoup à jouer les virtuoses. Je n’avais aucune idée de quelle façon je comprenais la portée. Cette pièce semblait m’offrir ce don. Comme si c’était la pièce qui jouait. Mes doigts bougeaient tous seuls. Je pourrais être en train de lire un livre, que la musique serait toujours aussi impeccable. Je terminais le morceau, et décidais de monter dans une mezzanine qui se trouvait presque tout en haut.

Mon ascension par l’escalier-piano terminée, je découvrit une imposante chaîne hi fi, entourée d’une quantité innombrable de CDs et de vyniles dans une étagère pleine à craquer. Il y avait aussi un tourne disque, et d’énormes enceintes. Je me demandais à quelle puissance serait la musique à travers de si grosses enceintes. Ma curiosité m’emporta et je pris un CD au hasard et le fourrai dans la fente de la chaîne qui l’avala. Aussitôt, les micros crachèrent du heavy metal déchirant qui se répercutait dans toute la salle. J’avais l’impression que les tympans explosaient. Avec l’écho, c’était une torture. Je me jetai à terre et me recroquevillais sur moi même. Avec un effort surhumain, je rampais jusqu’au poste pour arrêter ce massacre. Je parvins à baisser le voulme. Les hurlements et la batterie cessèrent. Je ressentais mon soulagement, encore tremblantes. Je me remis de mes émotions et montais au dernier balcon, le plus proche du plafond.

La dernière mezzanine était vide. Il n’y avait qu’une rambarde et l’épaisse moquette violette. Mais lorsque je posais le pied sur la plate forme, une voix a capella venue de nul part entonna un chant merveilleux. Je sentis la musique ruisseler dans mon être comme de l’or liquide. Elle se répandit dans mon corps et je frissonnais de plaisir. La musique excluait tiute pensée cohérente de mon esprit. C’était une mélopée où la plainte alternait avec une sorte de ferveur jubilatoire. D’autres voix se joignirent à la première et je les ressentais au plus profond de mon être, elles couraient dans mes veines, engourdissaient mes membres. L’extase grandissante qui s’emparait de moi me donnait envie de crier mon bonheur qui relevait de la magie. Il me semblait que je n’avais vécu que pour ce son divin. J’exultais. Les paroles semblaient être dans une langue exotique, tel le créole, mais peu m’importait. Cette essence pure était l’apothéose de l’exaltation. Je fus soudain prise d’une envie irrépressible de m’allonger sur la moquette. Je voulais demeurer ici pour l’éternité. J’étais étendue, et le chant ne cessait pas. Je restais allongée sur le sol pendant des heures, peit être des jours. Je ne me lassais pas de cette mélodie. A un moment, je me levait pour étirer mes musckes, dans l’espoir de me recoucher après. C’était sans compter que, en effleurant le dôme au dessus de moi, il m’aspira.

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