Ewen as Ewen
La première impression que j’eus de la quatrième pièce que je visitais fut simple: la chaleur. Une chaleur intense, beaucoup trop forte. J’avais l’impression d’être à la place d’une sorcière brûlée vive sur le bûcher… Et, pour tout vous dire, ce n’est pas très agréable comme sensation.
Je regardais le sol, et quelle ne fut pas ma surprise quand je remarquai que j’étais debout sur du bois. Mais du bois en feu! Mes pieds s’enfonçaient dans les braises brûlantes, les étincelles chatouillaient mes jambes à moitié nue (je portais un short noir, si vous voulez tout savoir) et l’air commençait à me manquer. Mes poumons se vidaient de plus en plus vite et se remplissaient de moins en moins. Je suffoquais.
Derrière moi, l’Ange ne ressentait rien. Elle flottait à une vingtaine de centimètres du sol et semblait inquiète pour moi (et elle le pouvait!) mais ne faisait rien pour m’aider. Je la priais du regard de me sauver, elle me répondit:
«-Je ne suis pas vivante, je ne peux t’aider dans cette épreuve. Toi seul est responsable.»
J’avais un Ange qui m’accompagnait, mais elle ne pouvait rien faire d’autre que me parler…
«-Toi seul est responsable, répéta-t-elle.»
J’observais la pièce attentivement. Elle était petite et étroite. Je pouvais voir la porte à cinq mètres de moi, mais il était impossible que je l’atteigne. J’avais envie de m’allonger, de me laisser mourir, d’arrêter de me battre. Le feu ne provenait que du bois qui était au sol. Seul quelqu’un de bien vivant ou une quelconque sorte de magie aurait pu allumer un feu. J’optais pour la seconde solution: c’était forcément le château qui était responsable. C’était une sorte de test, une épreuve pour me juger, pour observer mes capacités à résister.
Que pouvait-il bien y avoir sous le bois? Du vide? Ou une autre invention tordue, qui, j’en suis sur, serait bien pire que les flammes!
Je ne respirais presque plus, seul un mirâcle pourrait me sauver. Mais rien ne venait. Mes jambes était noires, couvertes de suie.
J’avançais péniblement vers la porte, pas après pas, centimètres après centimètres. Mais la porte semblait toujours au même endroit. Soudain, je compris. J’étais destiné à mourir. Lorsque j’avançais, la porte reculait. Je n’avais aucune chance de m’en sortir. Aucune. Le Château avait sûrement fait son choix: je devais mourir.
«-Ne laisse pas tomber! S’il y a un problème, il y a une solution. S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. C’est de Bob Marley, précisa-t-elle»
Je me persuadai qu’elle avait raison, mais je ne respirai déjà plus. Etait-je mort? Voilà plus de 30 secondes que mon coeur ne battait plus. Pourtant, je pouvais réfléchir, je pouvais parler, je pouvais…bouger! Je fis un pas, la porte ne recula pas. Encore un autre, puis un autre, et ma main, totalement noire, saisie la poignée. L’Ange me suivait. Je me retournais vers elle, l’interrogeant du regard:
«-Je ne suis pas sûre, mais je pense que u es un miraculé du château. Le propriétaire t’a épargné. Mais il n’a pas fait ça pour rien. A partir de maintenant, tu lui dois un service.»
J’ouvris la porte, j’étais sur mes gardes. Maintenant, je m’attendais à tout.