OuiNonBof as OuiNonBof
[Voix off : souvenez-vous, Sam et OuiNonBof sortent d’une pièce qui cache le fuyards en les faisant évoluer dans un dédale de pièces avec des armoires dedans. Mais Sam, qui râle tout le temps, dit qu’il a faim. Les deux compagnons entrent dans une armoire où tout est noir…]
Le noir s’estompe, et une nouvelle pièce fait son apparition, comme je le disais la dernière fois.
Et, dans cette pièce, je me rends compte pour la première fois que Sam a une chance pas possible.
La salle est petite et chaleureuse, avec une cheminée qui ronfle et qui craque, et une énorme table remplie de toutes sortes de choses à manger. (Mes petits amis, il faut suivre, je vous rappelle que Sam avait demandé à manger il y a cinq minutes, bon Hobbit qu’il est.) L’armoire par laquelle nous sommes arrivés est posée contre un mur, et une porte bordeaux est située sur le mur d’en face.
Ni une ni deux, hop ! Sam, se rue sur la nourriture.
Morfale, va.
Mais moi, je suis intelligente et cultivée.
Et, comme je suis intelligente et cultivée, je me rends compte que c’est quand même bizarre que l’on se soit retrouvés dans cette pièce pile au moment où Sam avait formulé l’envie de manger.
Tout de même.
Voilà, ça c’est un bon raisonnement.
Bon, je ne creuse pas plus la question pour l’instant.
Comme il n’y a rien d’autre à faire, je rejoins Sam, qui s’empiffre de poulet rôti. Ses mains deviennent toutes grasses, et je me demande s’il n’y a pas de serviettes qui trainent, ce serait moins sale, hum.
La cheminée craque et envoie quelques étincelles sur le sol en marbre blanc.
Je me détourne brusquement de la cheminée, et j’entends un bruit indéfinissable, une voix d’homme qui fait un bruit entre le rire et le soupir exaspéré, à la fois enfantin et vieux, gai et triste (je ne sais pas si vous voyez, en tout cas moi je vois très bien. Tant pis pour vous si vous ne comprenez pas, vous n’aviez qu’à y être. Non mais sans blague.)
Tiens.
Étrange. Un petit lavabo est là, dans un coin de la pièce, avec des jolies serviettes de soie empilées sur le rebord.
Hé, ho, un lavabo, ce n’est pas étrange, j’ai déjà eu l’occasion d’en voir, dans ma vie, enfin.
C’est juste un peu étrange car je ne l’avais pas vu tout à l’heure.
Bon. J’ai sans doute mal regardé, vu que le lavabo est acculé dans un coin de la pièce.
En tout cas, ça tombe bien, il faut absolument que je donne une serviette à Sam, parce que là il mange de la purée et il s’en met partout. Il faut croire qu’il avait faim.
J’attrape une serviette et je la brandis sous le nez de Sam :
– Eh ! Sam ! Tu pourrais manger un peu plus proprement ? Parce que là tu te débrouilles pour t’en mettre partout. Même sur le front.
– Oui, ben, excuse-moi, mais j’avais faim. (OuiNonBof a toujours raison. Je disais il y a cinq minutes « Sam devait avoir faim. » Héhé.) Mais, il est vrai qu’une petite serviette ne serait pas de refus.
Il attrape la serviette et s’essuie.
Hum.
Moi, j’ai faim aussi. J’ai envie de manger du poulet Tika. Bah, ça m’étonnerait qu’il y en ait, la table est bien trop petite pour accueillir tous les plats du monde. La cheminée craque, je sursaute.
Chouette, du poulet Tika ! Héhé, il faut dire que je ne l’avais pas vu, il était planqué derrière la mousse au chocolat.
Je me sers, heu, plutôt généreusement, et je plante ma fourchette dans un morceau de poulet.
Soudain, le même son se fait entendre. Ce rire gai et triste, ce soupir jeune et vieux. C’est d’ailleurs plus un rire qu’un soupir, j’en ai l’impression.
D’où provient cette voix ?
La pièce ne m’inspire pas confiance.
Tout est silencieux ; je réfléchis, Sam mange du fromage et la cheminée a cessé de ronfler et de cracher des étincelles.
Mais qu’est-ce que je vais imaginer ! On a juste eu de la chance de tomber ici, je vais manger un coup et me reposer, je dois être fatiguée.
Je mange donc un coup de poulet Tika.
Je n’ai pas le cœur à me restaurer. Je suis fatiguée.
Très fatiguée.
Je voudrais dormir.
La cheminée me sort de ma torpeur.
Elle craque. Les étincelles jaillissent. Bon, j’en ai marre, de cette cheminée, elle ne pourrait pas se taire, de temps en temps ?
Le rire. Le rire. Il est revenu. Il est plus proche, plus fort.
Posés contre le mur, à côté du lavabo, il y a des matelas. Blancs, épais.
Eux non plus, je ne les avais pas vus.
Il se passe beaucoup trop de choses étranges.
Lorsque Sam a demandé à manger, nous sommes tombés dans cette pièce chaleureuse et pleine de nourriture.
Quand j’ai demandé des serviettes pour qu’il s’essuie, j’ai découvert un lavabo et, justement, des serviettes de soie posées à côté.
Puis, quand j’ai eu envie de poulet Tika, il y en avait, là, caché derrière la mousse au chocolat.
Ces matelas blancs sont là dès que l’on veut dormir.
Je me rends compte de tout ça dans un demi-sommeil, je baille bruyamment.
Sam s’est endormi dans son assiette.
La cheminée craque.
Le rire est tout proche.
J’ai trop sommeil.
Quelque chose nous veut du mal.
D’où vient ce sommeil soudain ? Quelle est cette pièce qui satisfait toutes nos envies ?
Bon, c’est pas que ça ne me plaît pas, elle est bien gentille, cette pièce, mais… Non. Elle n’est pas gentille.
Je crie à Sam de se réveiller.
Il a l’air tout content, il sort de son sommeil avec un sourire niais. Ah, ces Hobbits sont trop insouciants.
J’entraîne Sam vers la porte bordeaux.
La cheminée et la voix ont compris ce qu’il se passait.
La cheminée s’agite, le feu ronfle et enfle, il sort de l’âtre.
La vois s’emporte et murmure « Restez là, vous devez rester là… Au nom du Château et des Majordomes… « .
Bon.
Ce Château n’est vraiment pas inspirant.
On n’aurait pas pu tomber dans le Château des Barbies Princesses ?
Allez, il n’est plus temps de réfléchir.
Je tire Sam vers la porte, et nous sortons.
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